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#BritamPapers : Rencontre entre Bhadain et le milliardaire, Peter Munga : Que s’est-il passé le 14 novembre 2015 ?

Dès son arrivée pour une visite de deux jours à Maurice, Peter Munga, le milliardaire kenyan et président de Britam, avait rencontré l’ex-ministre Bhadain en présence de A. Ebrahim de BDO (Maurice) et S. Khapre de BDO (Nairobi), à son bureau. Qui avait organisé cette rencontre et que s’est-il passé ce jour-là ? Tous les éléments laissent penser que la rencontre Bhadain-Munga du samedi 14 novembre 2015 serait le point culminant dans la nouvelle trajectoire que prendront par la suite les négociations autour de la vente de Britam, dont les actions évaluées à 4,3 milliards ont finalement été cédées pour Rs 2,4 milliards quatre mois plus tard. A qui ? Le même… Peter Munga.

« It is this meeting that changed the history of this transaction », fait remarquer la Commission d’enquête, présidée par l’ex-juge Bushan Domah, et chargée de faire la lumière sur la vente de Britam, une filiale de la défunte BAI, basée à Nairobi, Kenya.
En effet, de nombreuses questions demeurent au sujet de cette rencontre au bureau de l’ancien ministre de la Bonne gouvernance. Quel était l’objet de cette réunion avec Roshi Bhadain. Peter Munga avait-t-il été invité à Maurice. Ou avait-il été sollicité pour une rencontre ? Quelle était la teneur des discussions ? Certes, le flou persiste à ce sujet, mais deux documents, en sus des non-dits et versions contradictoires relevées lors des auditions, sont venus appuyer les « soupçons » de la Commission d’enquête.

Visite de courtoisie de 5 minutes ? Bhadain ne souffle point mot

Première contradiction : une visite de courtoisie rendue au ministre, où aucun officiel du ministère n’était présent, et qui n’a jamais été mentionnée par le ministre lui-même. La réunion aurait duré cinq minutes. Mais, la Commission d’enquête n’y aurait pas cru.
Voici ce qu’elle dit à ce sujet : « Suspicion was aroused when BDO played down this important meeting stating that it was a mere courtesy call on the Minister, of less than 5 minutes. By courtesy, a courtesy call upon a Minister cannot be just for five minutes. It was a Saturday. The ex-Minister has breathed not a word of it. No public officer was present. Mr Peter Munga had been here for a couple of days.

Un « non-dit » qui figure dans les procès-verbaux de la FSC.

Or, cette même visite avait été évoquée deux jours avant – soit le 12 novembre 2015 – lors du conseil d’administration de la FSC. Lequel avait été mis au courant de « l’arrivée imminente du président de Britam Kenya » pendant le week-en du 14-15 novembre. Les membres de la FSC avaient aussi été informés le même jour que des représentants de MMI Holdings arriveront pendant le même week-end. Ceux qui avait proposé le rachat des actions pour un montant de 4,3 milliards. Mais, faute de document, la Commission d’enquête n’a pas pu établir ce qui s’est passé ou s’il y a eu réunion ou pas avec la MMI Holdings.

Peter Munga confirme qu’il y aurait eu un accord le 14 novembre 2015
Visite de courtoisie ou pas, durée de cinq minutes ou pas, la réunion du 14 novembre au bureau de Roshi Bhadain aurait bel et bien débouché sur un accord. Et c’est là que businessman Peter Munga vient prendre l’ancien ministre de la Bonne gouvernance à contre-pied, de même que les représentants de BDO.

Voici ce que dit le rapport Domah cette fois : « (…) it has been able to lay hands on a document which witnesses what took place with respect to the Chairperson of Britam Kenya, Mr Peter K. Munga. A meeting took place on Saturday 14 November 2015 in the office of ex-Minister Bhadain at the end of which an agreement had been reached. Mr Peter Munga was to follow “the lines agreed during our meeting, engaging “BDO & Co., the Special Administrators ».

C’est manifestement pour cette raison que la Commission d’enquête estime que « it is this meeting that changed the history of this transaction ».
D’où les réserves émises plus loin au paragraphe 1266 du rapport : « it is hard for one to countenance a scenario at this meeting that either the Minister or BDO, all present at the meeting would not mention the fact that MMI Holdings had made an offer for MUR4.3bn, which has been accepted ».

4 jours après la rencontre Bhadain/Munga, Britam se réunit à Nairobi
La suite devient encore plus intéressante quand on analyse le « timing » de cette visite.
Que s’est-il donc passé depuis que Peter Munga a rendu visite à l’ancien ministre ce samedi 14 novembre 2015 ? Est-ce que cette réunion que la presse internationale qualifie de « secret meeting » a réellement donné une nouvelle trajectoire des négociations relatives aux transactions entourant la vente des actions de Britam ? Toujours est-il que le montant de Rs 4,3 milliards était d’actualité dans le camp des Kenyans.

« The unlikeliness of that figure not being mentioned when the Kenyans broached the topic of the sale of Britam shares to Kenyans instead of MMI Holdings is very remote indeed, by any standard », souligne le rapport Domah.

Peter Munga est mandaté par M. Ramtoola pour présider une réunion, quatre jours plus tard, soit le jeudi 19 novembre 2015. L’initiative vient du ministère des Finances. M. Lutchmeeparsad, alors Chef de cabinet aux Finances, assiste à la réunion en présence des représentants de BDO, des responsables kenyans et des actionnaires de Britam, au Britam Centre, Nairobi.

Et là, le rapport s’appuie sur des preuves orales et documentées pour soutenir que le ‘deal’ autour de la vente de Britam était supposé être scellé autour de Rs 4,3 milliards en ce jour précis : « Oral as well as documentary evidence show that the mission of Mr Lutchmeeparsad was to make the Kenyans to match the price of MMI Holdings or do better. However, Mr Lutchmeeparsad came back with the news that the Kenyans had agreed to pay the same evaluation as MMI Holdings… »

La lettre de Peter Munga qui cloue au pilori Bhadain et BDO

Quatre jours plus tard, soit le lundi 23 novembre 2015, Peter Munga, en personne, fera référence à la réunion qu’il a eue avec l’ex-ministre Bhadain. La commission d’enquête rapporte en effet que : « a letter dated 23 November 2015, refers to a meeting Mr Peter Munga had with ex-Minister Bhadain on 14 November in which he expressed his appreciation of the fact that the ex-Minister had made a “most timely Press Statement (which) was of great relief to the 25,000 Shareholders and also calmed the markets. Peter Munga added in the closing paragraph of the letter that “we are still reeling from the after effects. »

A ce chapitre, on notera également un revirement de situation dans la version de Yacoob Ramtoola, Group Managing Partner de BDO. Voici ce que dit la commission d’enquête : (…) there was a meeting between Mr Peter Munga and the ex-Minister Bhadain to discuss matters of substance relating to the sale to the Kenyans. However, Mr Ramtoola tried to play down this meeting as a mere courtesy call to later concede after some probing that it was more than a courtesy call ».

La date à retenir, donc, dans ce qui deviendra par la suite la saga Britam est donc le 14 novembre ; jour où eut lieu cette fameuse réunion Bhadain/Munga et qui changea « the history of this transaction ».

Que s’est-il passé ce 14 novembre 2015 ? Comment Roshi Bhadain a-t-il oublié de mentionner cette réunion avec l’investisseur milliardaire du Kenya ?

Comment ne pas chercher à donner un sens à tous ces éléments et interrogations quand on sait que le ‘deal’ autour de la vente des actifs de Britam (évalués à 4,3 milliards) sera réduit à 2,4 milliards quatre mois plus tard. Un ‘deal’ avec 1,9 milliard en moins qui sera conclu un 12 mars (2016). Devinez comment ?

Rendez-vous demain matin à 8h30 pour un autre chapitre de #BritamPapers.

À lire aussi : #Britamgate – Et si Bhadain faisait partie du gouvernement… Qu’auraient-ils débité ?

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