Les Mauriciens, plus particulièrement les internautes, se sont réveillés, mardi 23 février, consternés et tourmentés par les images d’une jeune femme en pleurs, ayant le visage tumefié et ensanglanté sur les réseaux sociaux. Soupçonnée d’infidélité, Preety a été violemment agressée et battue par son conjoint. Des images filmées sur vidéo postées sur la toile existent pour le prouver. Ces images n’ont pas pu laisser insensibles des Mauriciens.
Excédés, ces derniers ont éprouvé des sentiments forts de colère, de révolte, de réprobation… Les autorités responsables, dont le ministère de l’Egalité des Genres, du Développement de l’Enfant et du Bien-être de la Famille, les ONGs et autres défenseurs de la cause féminine ont donné de la voix. Mais, pour la énième fois, c’est la même rengaine. On entend les mêmes discours, les mêmes disques, les mêmes refrains…Protection Order, renforcement de la loi, besoin de punition du coupable, pour ce citer que ceux-là
«Il est urgent de venir de l’avant avec des lois contre les récidivistes », affirme Anushka Virahsawmy, directrice de Gender Links. Elle se dit avec raison, très révoltée par cette brutalité qui ne cesse de s’accroître, malgré les mesures entreprises par le gouvernement. Elle maintient qu’il « est grand temps que des instances s’élèvent contre les récidivistes.» Cela d’autant plus qu’elle consent que la vie de la victime est en danger, même si elle bénéficie d’un «Protection Order.»
Bien évidemment, un Protection Order ne semble servir à rien. Combien de femmes battues et maltraitées par leurs maris violents, détentrices de Protection Orders, n’ont-elles pas fini par succomber sous les fatals de leurs bourreaux à Maurice au cours de ces deux dernières décennies? Cela à coups de sabre, à coups de couteau, à coups de “grinder” ou d’autres armes tranchantes…
Demander aux instances décisionnelles de s’élever contre les récidivistes, l’idée est bonne. Mais comment traduire dans la réalité les nouvelles mesures, mises au point par le High Powered Committee sur la Violence conjugale/domestique pour mettre au pas ces barbares, récidivistes, bourreaux… qui sévissent au sein de nombreuses familles mauriciennes?
La société mauricienne est gangrenée à tel point par la violence inouïe à l’encontre de femmes que les nouvelles mesures, préconisant la réhabilitation de l’agresseur, les séances chez le psychologue, les soins médicaux…sont susceptibles d’être vouées à l’échec.
En revanche, le cas de Preety qui vit un véritable calvaire est très complexe. Selon son propre témoignage, elle vit un amour triangulaire. L’amant, un nommé Nitish confie que sa maîtresse, mère d’une fille, est battue sur une base régulière par son époux, voici 8 mois. Il avoue que c’est lui qui a posté cette vidéo sur la toile, comme un message SOS dans le but d’alerter l’opinion publique pour sauver la jeune femme.
Mais, de son coté, Preety donne une toute autre version. Elle est battue par le mari et l’amant. “Mo le corp bleu partout ”, confie-t-elle. Ainsi, tout laisse croire qu’elle fait l’objet d’être la “punching ball” pour le mari et l’amant.
Certes, les relations humaines sont difficiles. Mais, ce n’est pas une raison pour un homme d’agresser sa femme, sa compagne ou encore sa petite amie… Cela relève d’un acte de lâcheté et de barbarie.
La question se pose: dans quelle type de société vivons-nous à Maurice pour que de femmes doivent subir de tels traitements?nj
En réponse à une question de la presse sur ce cas, mardi 23 février, la ministre de l’Egalité des Genres, Kalpana Koonjoo-Shah dit condamner sans réserve cette agression sauvage sur une femme. “Le problème dans un couple ne se règle pas dans la violence”, affirme-t-elle avec raison. Elle promet tout le nécessaire à Preety.
A 12 jours de la Journée Internationale de la Femme, nous attendons que les pouvoirs publics viennent avec des mesures fortes et draconniennes pour s’attaquer aux agresseurs, bourreaux et récidivistes qui sont violents à l’égard des femmes. Les principales recommandations du High Powered Committee sur le Violence conjugale/domestique doivent être mises en œuvre dans les meilleurs délais.
[Opinion] Violence conjugale/domestique: Halte à ces bourreaux qui persistent et signent