Maurice est un merveilleux pays. Ce n’est pas uniquement moi qui le dis car des milliers de Mauriciens vivent et ressentent la beauté et les bienfaits de ce pays tous les jours. Pour une nation encore jeune sur le plan historique, dont les habitants ont des ancêtres qui sont venus d’ailleurs – d’Afrique, d’Asie, d’Europe principalement – le mélange de cultures n’a pas été de tout repos. Au fil de notre histoire vieille de trois cents ans, il y a eu des périodes mouvementées, où la cohabitation interculturelle et pluri religieuse passait mal. Mais depuis plus de cinquante ans maintenant, mis à part le douloureux épisode de 1999, le pays vit en paix, dans le respect de tout un chacun.
La diversité culturelle et religieuse de Maurice, chose que beaucoup de personnes prennent pour acquis, ne cesse d’émerveiller les étrangers de passage chez nous ou ceux qui découvrent le pays à travers divers canaux de communication. Comment un petit pays tel que le nôtre a-t-il pu faire pour éviter une balkanisation de sa population ? Comment a-t-on pu éviter que notre peuple soit morcelé, avec chaque composante vivant dans son coin, regroupée en termes de ” communautés ” ou d’appartenance religieuse et isolé sur le plan géographique ?
Comment a-t-on fait pour qu’aujourd’hui non seulement les diversités culturelles et religieuses se côtoient dans le respect et la tolérance mais aussi elles peuvent se mélanger et s’imbriquer joyeusement dans un joli melting-pot métissé ? Car le métissage devient de plus en plus naturel dans l’île Maurice pluriculturelle. Les unions interethniques ne choquent plus grand monde et la jeunesse mauricienne devient de plus en plus tolérante, surtout avec la démocratisation de l’éducation et l’ouverture sur le monde à laquelle ces jeunes sont exposés de nos jours.

Ceci dit, tout n’est pas rose dans le pays. Tout le monde a ses propres préoccupations et ses attentes personnelles. Des fois, surtout dans des moments de crise ou de difficultés sociales, les réflexes de replis identitaires refont surface. Ces actions sont souvent déclenchées par des personnes qui préfèrent le ” divide and rule ” à l’unité du peuple. Pour des gains bassement politiques ou des intentions purement communautaristes (pour ne pas dire “communales”). Mais heureusement, hormis quelques têtes brûlées, la majorité de la population ne succombe pas aux pièges de l’enfermement ethnique et religieux.
En ce 22 mars, quoi de plus frappant et en même temps marquant que notre île Maurice qui vit à l’heure de plusieurs fêtes et cérémonies religieuses et culturelles ! Ce 22 mars marque, pour les hindous, le début de leur calendrier. C’est la célébration du Ugadi chez les Mauriciens de culture telugu, dont les ancêtres ont migré de l’Andhra Pradesh, en Inde. Même célébration du nouvel an pour les citoyens de culture marathi, dont les racines nous viennent de l’État du Maharashtra. Ce mercredi est aussi synonyme pour les hindous du début de la période de jeûne de neuf jours, le Ram Nawmi, qui marque la naissance du dieu Ram.
Chez les Mauriciens de foi catholique, nous sommes toujours en période de jeûne pascal. La Pâques, qui marque la résurrection du Christ, sera célébrée le 9 avril. Les catholiques mauriciens observent en cette période 40 jours de jeûne, le Carême. Et pour ajouter encore plus de couleurs et de joie à l’île Maurice multiculturelle, le Ramadan débute fort probablement demain, jeudi 23 mars, pour nos frères et sœurs musulmans. Le jeûne va durer un mois pour culminer avec la célébration de l’Eid-ul-Fitr vers le 21 ou 22 avril.
C’est cela aussi la beauté de Maurice. Non seulement une beauté géographique et naturelle mais aussi la beauté de tout un peuple. Un peuple qui sait que tous les Mauriciens sont sur le même bateau et qu’ils doivent affronter les tempêtes, les cyclones et les coups de vent ensemble, unis comme les doigts de la main. Un peuple qui regarde dans la même direction, qui travaille pour le bien-être de tout un chacun et qui va de l’avant dans l’ordre et la discipline. Restons unis. Moris vremem li enn zoli pei.
Sunil Gohin
CEO de Wazaa FM et d’Inside News
Diversité culturelle: Moris, nou zoli pei !